Le numérique à l'école maternelle

Jacques Beziat, maître de conférences à l’université de Limoges intervenait en Gironde sur le thème : " les technologies numériques à l’école maternelle"

Organisée avec le CDDP de la Gironde, l’Inspection académique, cette journée présidée par Nadine MASSONNIERE, présidente départementale de l’AGEEM, a accueilli au Cube de Villenave d’Ornon a regroupé 250 enseignants des écoles maternelles venus de Gironde ou des départements d’Aquitaine.

 

Anne Marie COCULA, Vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine a souligné la cohérence territoriale point important de l’action régionale. Elle a précisé par ailleurs le rôle d’accompagnement de la région au contact des demandes de la communauté éducative notamment en ce qui concerne la mise en place des Espaces Numériques de Travail dans les lycées.

Notant le rôle fondamental des enseignants concernant le décrochage scolaire, elle soulignait donc ainsi la continuité nécessaire entre tous les niveaux de l’éducation depuis l’école maternelle.

 

Chacun dans cette rencontre était convaincu de l’importance de l’école maternelle et dans cette Aquitaine, « faisceau de réseaux » précisait Lucile BARBERIS, Présidente nationale de l’AGEEM, l’école a toujours été valorisée. Elle rappelait qu’il n’y avait plus aujourd’hui « une » école maternelle mais « des » écoles maternelles fonctionnant de manières différentes selon les départements.

On assiste ainsi, a t’elle déclaré, par grignotages successifs de l’ accueil des deux ans, par la mise en place de jardins d’éveil, par la non formation des professeurs, à la représentation d’une école maternelle ne pouvant plus mettre en valeur les évolutions exemplaires de cette école, pourtant lieu fondamental d’ apprentissages.

 

Certains apprentissages ne sont pas « pensés » pour l’école maternelle mais pour l’école primaire donc l’école maternelle fait partie, et il en est ainsi pour le numérique, précisait Jacques BEZIAT dont les aspects matériels, pédagogiques, scolaires, sociaux institutionnels et idéologiques sont « impensés » Aucun discours clair et audible n’émerge.

 

Cependant, les enseignants d’école maternelle ont toujours eu la faculté de créer des scénarios pédagogiques en partant d’une observation et d’une analyse des comportements des enfants.

Dans la révolution technologique actuelle, il n’y a pas besoin d’être informaticien, les outils sont de plus en plus simples et il est certain que le tactile semble s’adapter parfaitement aux pratiques des jeunes enfants.

 

Réfutant l’idée que l’usage du numérique à l’école est nécessaire pour inscrire l’école dans son temps, puisque l’école s’est toujours inscrite dans une époque, Jacques BEZIAT démontre qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser ces outils uniquement pour faire moderne ni pour capter l’attention, ni pour s’amuser (tout en apprenant) ni pour s’ouvrir sur le monde.

L’ordinateur permet aux enfants d’être face à un environnement structurant têtu et stable. La réponse de l’enfant se fera sans consignes mais par essai et erreur. Les pratiques étant dématérialisées l’enfant n’a pas les contraintes des objets réels. Le domino ne tombera pas de la table, l’itinéraire à choisir dans le labyrinthe à l’écran acceptera tous les tâtonnements. 

 

Cependant, l’ordinateur dans la classe laissé à la disposition des élèves a une très faible affordance et il est nécessaire de s’interroger sur son utilité dans l’action pédagogique.

Dans quel processus d’apprentissage sommes-nous ? Il s’agit bien de problématiser les usages :

 

Les enjeux sont d’ordre socio-culturel, l’école est inscrite dans la société avec ses pratiques culturelles, ils sont aussi d’ordre cognitif car il s’agit de réelles activités intellectuelles, littéraires, mathématiques qui sont réalisées.

 

Il s’agit cependant d’analyser les pratiques pédagogiques en intégrant les questions techniques ainsi que les questions d’ordre économique et partenariales.


Il s’agit là peut-être d’un langage inhabituel pour l’école mais il est indispensable de mobiliser un collectif de parents, d’équipes, de collectivités, d’entreprises. Jacques Béziat conclut ainsi son intervention avant de proposer de très nombreuses pistes pédagogiques à proposer aux élèves.( Complément en ligne avec quelques pistes pédagogiques présentées par Pierre Valade co-auteur avec Jacques Béziat de 50 activités avec les TICE à la maternelle.)

 

Nous le voyons bien, les questions qui se posent sont les mêmes à tous les niveaux de l’école, car le numérique transforme tous les rapports aux informations et aux savoirs.

Les outils apportent peu aux apprentissages sans transformation des approches pédagogiques. Le numérique sera certainement dans les usages lorsqu’il ne sera plus un sujet de réflexion et qu’on n’en parlera guère plus que du stylo ou de la souris aujourd’hui.

Ce qu’on oublie toujours en ce qui concerne l’école maternelle, c’est l’inventivité d’une pédagogie qui se fonde sur l’observation fine des enfants, celle que l’école maternelle a toujours su déployer. Ce qu’il ne faut ne pas oublier c’est qu’aujourd’hui avec l’apparition des outils tactiles, le geste premier de l’enfant, à savoir, le toucher, va permettre d’entrer encore plus vite dans certains apprentissages et usages sans être gêné par l’usage des scripteurs. Il se concentrera ainsi sur la tâche.

 

Les outils tactiles offrent également la possibilité d’interagir à plusieurs sur une même surface et de permettre les ajustements les tâtonnements par une expérience ludique.

 

C’est donc tout un champ nouveau qui se présente à l ‘école maternelle si on accepte d’équiper ces classes au même titre que les classes élémentaires. Là, il s’agit donc de mobiliser tous les partenaires éducatifs et les décideurs. Mais peut-être un jour commencerons-nous par le commencement. Ce jour là signifiera que l’école maternelle est vraiment une école fondamentale reconnue dans le système scolaire. 

 

Reportage : Michelle Laurissergues