L'Ecole du détour : une pédagogie de la confiance et de l'estime de soi

L'école des Haras
L'école des Haras

Doit-on se satisfaire de l'échec des élèves ?

 

Quelles procédures mettre en œuvre pour leur venir en aide ?

Suffit-il de faire "plus de la même chose" ou au contraire innover, travailler sur des compétences transversales ?

 

Autant de questions qui ont jalonné notre itinéraire de recherche pendant deux années scolaires (2007-2009).

 

Imaginez une école expérimentale (collège/lycée), une dizaine de jeunes de 10 à 17 ans, en rupture scolaire pour des raisons multiples, réunis dans un lieu mythique les Haras de Villeneuve Sur Lot.

 

Comment réconcilier ce public rétif aux apprentissages formels avec l'Ecole en utilisant le cheval comme médiateur pédagogique?

Le pari était d'autant plus difficile que la structure ne disposait que de la bonne volonté et des compétences des intervenants bénévoles qui ont accepté de se lancer dans l'aventure.

 

Aussi avons-nous choisi délibérément :

 

  1) de modifier le cadre scolaire: classe le matin, activités artistiques l'après-midi,

  2) d'individualiser les parcours en évaluant au préalable les acquis et en construisant une progression adaptée aux besoins de chacun,

  3) de favoriser l'enseignement mutuel, en privilégiant l'entraide, le tutorat "enseigner, c'est apprendre deux fois",

  4) de rendre l'élève acteur de sa scolarité, acteur de son devenir,

  5) de modifier le rapport enseignant/enseigné en transformant les évaluations scolaires selon des modalités différentes,

  6) de mettre en œuvre une pédagogie de projet donnant du sens aux apprentissages,

  7) d'engager un travail soutenu avec le cheval "miroir de nos émotions",

  8) de privilégier dans ce cadre la communication non verbale, en travaillant sur la dynamique corporelle "nous apprenons avec notre corps et nos émotions",

  9) de prendre le temps; les étapes de la complexité se construisent lentement,

10) de faire lâcher prise à la linéarité, aux dualismes qui sont les pires ennemis de notre vie mentale.

 

De nouvelles conceptions de "l'apprenance" ont ainsi été exploitées:


  - un apprentissage qui soit prise de conscience, recherche et développement de l'Etre tout entier,

  - un interface de l'apprenant et de l'enseigné qui soit un échange mutuel et un partage de significations,

  - une évaluation qui soit une mesure des disponibilités et des stratégies utilisées et une conception de l'erreur qui devienne à la fois indice et repère sur l'itinéraire de l'élève,

  - une progression qui soit restructuration d'un équilibre à atteindre et à maintenir.

 

 Mais aussi, nous avons tenté :

 

  - d'établir et de nourrir un questionnement permanent "Au nom de quoi?" qui laisse émerger de nouveaux concepts et, en particulier, une vue plus large de l'Intelligence : des Intelligences,

  - d'identifier les ressources, de rassembler l'information,

  - d'encourager la pluridisciplinarité,

  - de construire des interventions pédagogiques fondées sur le diagnostic des besoins d'apprentissage, traduits ensuite en terme d’objectifs et en contrat avec l'élève où ont été précisés à la fois le cadre temporel et les critères d'évaluation.

 

 Au bout des ces deux années, tous ces jeunes ont été en mesure de rejoindre un cursus correspondant à leur motivation et à leurs capacités.

 

"Devenir soi-même question en se sentant relié à soi-même et aux autres; exercice combien périlleux mais ouvrant sur un espace de liberté et de tolérance" B.NICOLESCU.

 

Patrick FIGEAC, Proviseur honoraire