Nuage numérique
Quand j'ai entendu ce terme pour la première fois, j'ai eu une vision poétique d'un grand nuage numérique où écrans, images,avatars, jeux vidéo, réseaux sociaux, facebook, tweets, jeux sérieux, e-Learning,e-book, IPad, animations en 3D et réalités augmentées se mêlaient dans une joyeuse cacophonie avecquelques geeks, des TIC des TICE et des puces.
La programmation du numérique dans les nuages est autre !
C'est la possibilité quasi illimitée de la puissance de stockage et de calcul, avec en plus, des applications qui tirent parti des informations accessibles en ligne. Des logiciels sont capables aujourd'hui de prendre en charge le suivi de nos données via les services web et les interfaces de programmation ouverts.
Education et numérique
Comment situer l'éducation à l'heure de ce nuage numérique, entremoteurs de recherche de plus en plus puissants et écrans tactiles en tout genre, de plus en plus présents ?
Il apparait a priori une antinomie entre l'image d'une Ecole sanctuarisée, repliée entre ses murs et le mode de fonctionnement par diffusion large et capillarité du numérique, notamment parl'utilisation massive des écrans.
Il apparait des contradictions entre le temps long qui est celui du temps scolaire et le temps excessivement court, celui des innovations technologiques.
Il apparait des différences entre le monde économique et la culture scolaire.
Il apparait des discordances entre la culture scolaire et la culture du numérique.
Comment peut-on percevoir les réalités d'une mutation due au numérique hors de l'école?
Y a-t-il des effets sur le monde scolaire ? Quelles différences ya-t'il entre la culture numérique et la culture scolaire ?
Quels sont les leviers nécessaires pour mettre en place une "société de la connaissance" ?
LES REALITES D'UNE MUTATION
Les évolutions vers un numérique omniprésent
Les "natifs du numérique" : quelles réalités ?
Pourquoi ces générations sont elles de plus en plus utilisatrices de numérique ?
Il y a un certain déterminisme technique
La production est surabondante et les techniques de productions, d'échanges, de copie, sont de plus en plus faciles. Les savoirs deviennent virtuellement et potentiellement disponibles, facilement accessibles.
Même s'il faut tout de même constater des réalités diverses et ne pas généraliser, on sait que « les digital natives » ont des prédispositions aux activités ludiques et relationnelles et de plus, ils développent des compétences multi tâches et ce, de plus en plus tôt : âge duprimo-équipement, 11ou 12 ans !
Il y a aussi un déterminisme social
L'économie numérique représente le secteur le plus dynamique de l'économie mondiale et 50% de la croissance mondiale va dépendre du numérique dans un futur très proche.
C'est un facteur puissant.
C'est le temps des écrans interconnectés :média total qui permet de jouer, travailler, échanger, créer son avatar et d'inventer de nouveaux modes de communication moins accessibles aux adultes.
Le mode de fonctionnement par intuition et non par procédures comme les générations d'avant l'ont appris, offre « une culture numérique » qui permet la dérision, le détournement des codes, une convivialité affichée, bref :"le fun" "le zapping" "la parodie" et surtout pas "la prise de tête ".
Hyperludique, chronophage, addictive, cette culture plait aux jeunes.
Toute information parait accessible, disponible, gratuite et instantanée.
Le futile et l'important y sont mêlés et surtout ces usages permettent des échanges conviviaux et ludiques, des créations rapidement mises en ligne qui peuvent faire du buzz .
Quelles réalités pour les savoirs dits « disponibles » ?
Les mémoires externes
Les moteurs de recherche, les sites, les portails, les blogs, les Espaces Numériques de Travail, les sites sociaux collaboratifs type Facebook, ou autres deviennent des mémoires externes.
Les outils et les applications, GPS, Proxima mobile, I Phone, I Pad, E book deviennent des prothèses de savoirs augmentés.
Cela pose la question des lieux de stockage de ces savoirs, de leur propriété, de leurs coûts et de leur accessibilité.
Cela pose quelques questions liées notamment à l'identité numérique de chacun d'entre nous.
Cela pose aussi la question de la fragilité.
Une société peut –elle s'appuyer exclusivement sur des équilibres technologiques ? Les récentes actualités permettent de nous questionner.
Quelle est la réalité des usages ?
C'est le temps des écrans et du nomadisme
Aujourd'hui, c'est dans la rue ou dans les transports en commun que les jeunes communiquent ou révisent, à l'aide de leurs lecteurs MP3 ou de leurs téléphones portables. (Moyenne d'utilisation : 30h semaine sur les écrans) Notons les téléphones mobiles dont sont équipés 95 % des jeunes à partir de 15 ans (selon un sondage Ipsos publié en février 2009) et 78 % pour les 13-14 ans.
Les cédéroms ludo-éducatifs ont pris un sacré coup de vieux.
C'est le temps de l'idéologie de lacommunication
Nous sommes dans l'ère de la communication. On tweette, on échange, on se téléphone comme on entretiendrait une conversation proche, on échange sur facebook avec de nombreux« amis ». D'après une étude menée par un professeur d'Oxford, il est impossible, pour le cerveau humain, d'entretenir un lien social avec plus de 150 amis. Selon lui, la zone du cerveau qui gère la pensée consciente et le langage serait responsable de cette restriction.
Donc, avoir 160 amis sur Facebook ou en avoir 6000, c'est du pareil au même.
Faut-il se dire que Facebook sera bientôt dépassé ? Pas du tout !
Une autre étude (ColemanParkes Research) nous apprend que 66% des entreprises pensent que les réseaux sociaux sont l'avenir des entreprises en matière de collaboration.
On voit, par exemple la SNCF avec l'IDTGV ou Air France donner la possibilité aux personnes voyageant dans le même avion ou train de se contacter sur Facebook.
Les réseaux sociaux ne vont pas s'éteindre, mais s'étendre.
Exemples : Argentine : 11.000 élèves sèchent les cours suiteà un appel lancé sur Facebook ! (3mai)
47998 Skippers sur la régate virtuelle (depuis le 18 avril)
Les apéros facebook: des milliers de jeunes se retrouvent dan sles villes sur appel par facebook.
Et on peut s'attendre demain à voir se développer toutes sortes de Réseaux Sociaux.
Hors de la classe, les relations changent aussi, grâce ou à cause des réseaux.
Alors : dialoguer avec mon prof sur Facebook ? C'est possible.
Des témoignages l'attestent en effet.
La proximité nouvelle qui peut s'installer alors entre élève et professeur doit conserver le « style pédagogique » du professeur.
La question qui peut alors se poser effectivement est de savoir où poser les limites entre proximité et intimité dans cette nouvelle sociabilité numérique.
Cependant, l'un des enjeux du système scolaire d'aujourd'hui c'est bien d'éviter de continuer de former des jeunes comme si cette évolution n'existait pas.