Le Monde virtuel et monde scolaire

Les apprentissages

 

Les apprentissages sont toujours situés dans le monde scolaire et cependant, on sait aujourd'hui que cela est encore moins vrai qu'avant.

On apprend aussi hors de l'école.

 

Cependant, les apprentissages sont de deux ordres : implicites et explicites.

On explique généralement la différence par deux exemples : en ce qui concerne les apprentissages implicites, il suffit de grandir dans un environnement favorable et d'agir. Onparle, on marche, on dessine, on agit par intuition ...L'apprentissage explicite ne se contente pas de l'adaptation ni de la transmission par observation, il s'agit d'apprendre à écrire, apprendre la grammaire par exemple...Il s'agit d'apprentissages scolaires qui requièrent des motivations, des efforts, des stratégies. (André Tricot, conférence Retz)

 

Le monde virtuel se situerait plutôt aujourd'hui dans l'implicite.

 

Les ressources


Autre point commun des deux mondes, la richesse, la profusion des ressources.

Comment fait-on avec un moteur de recherche pour choisir entre des centaines de sources d'informations affichées?

On choisit à priori la réponse ou l'information qu'on connait déjà, celle qui rassure, ou la plus récente, ou celle qui donne la réponse qu'on pressent ou celle qui correspond à ses opinions...La méthode est la même que pour toute information venue d'autres médias. Cela réduit considérablement le champ des investigations.

 

Dans le monde scolaire, il y a donc la nécessité de travailler sur les médias, la nécessité d'avoir des ressources construites sinon, seuls les meilleurs élèves en tirent parti. Il faut en même temps, de la part des enseignants, un étayage méthodologique et des explorations guidées.

 

La culture numérique


Le rapport aux technologies des adultes et des jeunes est différent :


Les adultes ont majoritairement de l'outil informatique une perception utilitaire et ancrée dans une réalité professionnelle.

Lorsqu'ils décident de préconiser l'usage d'Internet, les enseignants optent pour des dispositifs construits sur des options pédagogiques traditionnelles, qui ont fait leur preuve. Ils mettent en œuvre tous les leviers du travail scolaire contraint pour cadrer l'élève : recherche d'informations très ciblées, sources préconisées, échéances du travail àrendre, évaluations.

Les objectifs, certes légitimes de cet encadrement fort du travail scolaire avec Internet, sont multiples.

Il s'agit d'une réponse à la suspicion portée sur la validité des informations collectées. Cet attachement à la forme scolaire est aussi le moyen de se donner l'impression de limiter les risques liés au caractère innovant de cette pratique encore mal maîtrisée. C'est aussi le moyen de démarquer le travail scolaire des pratiques ludiques et extra scolaires  des élèves.

 

Les adolescents eux, entretiennent avec les écrans une relation de complicité et de bienveillance qui découle de leurs usages principalement tournés vers des activités ludiques ou de communication.

Certes, les élèves citent la recherche d'information via Internet comme étant lepremier usage scolaire de l'ordinateur, mais la créativité ou la motivation font défaut chez eux pour favoriser l'émergence de nouvelles utilisations en lien avec leur travail scolaire.

En effet, les usages familiers vécus dans la sphère privée les éloignent des préoccupations scolaires.

 

La culture numérique est transversale, horizontale.

C'est celle des jeunes, joueurs, multi tâches, impatients, qui aiment le fonctionnement en communautés. Elle remet en question les présupposés qui sont ceux de l'éducation cartésienne, silencieuse et linéaire.

 

Inventer de nouvelles médiations scolaires, intégrer des produits numériques et des outils actuels, autoriser des usages interactifs, ce sont des pratiques qui cependant, intègrent progressivement l'école.

 

Les transformations de l'école


Les états, les collectivités, lesétablissements de formation et d'enseignement, les éditeurs de ressources se sont emparés de ces questions et s'organisent.

Citons le Canal Numérique des Savoirs, le cartable électronique, le Site.tv. Les éditeurs se rapprochent des usages mais il s'agit pour eux d'inventer de nouveaux modèles économiques. Le mythe du tout gratuit en éducation perdure. Ce sont les collectivités le plus souvent qui abonnent les établissements à ces ressources construites.

 

Les réseaux et le collaboratif


Citons des initiatives d'enseignants, celle de ce collège, qui, sur sa pagepublique Netvibes, présente une sélection de jeux éducatifs en ligne dans différentes matières.

Pour les lettres, Weblettres recense de nombreux sites de profs pour réviser. Pour les maths, Sesamath fait partie des incontournables.

En langues étrangères, moyennant finances, toutes les formules de révisions plus ou moins ludiques sont possibles : via des réseaux sociaux d'apprentissage linguistique où l'on s'inscrit pour dialoguer aux quatre coins dumonde, par des cours en ligne et logiciel de reconnaissance vocale ou encore par le téléphone. Citons aussi des cours à télécharger sur un mobile, par niveau et par matières que l'on peut trouver gratuitement sur des sites.

 

Les Espaces Numériques de Travail

Ils se généralisent à partir du collège et permettent l'accès à l'école hors de l'école (professeurs, élèves ou parents.

Ils donnent accès aux informations, aux notes, aux cours, la possibilité de réaliser le travail personnel, les devoirs avec accès aux ressources. Ils donnent la possibilité d'accès pour les enfants éloignés momentanément pour maladie ou sorties scolaires...)

 

Le plan Ecole Numérique Rurale

Dans les écoles, le numérique permet déjà des avancées pédagogiques inimaginables il y a seulement dix ans.

Dans chaque département, un certain nombre de communes rurales, s'estvu doté de 9000 euros de matériels, TNI, outils nomades, ressources.

Des espaces collaboratifs s'installent pour résoudre les questions de formation par expériences partagées.

 

Si on consulte l'Agence des usages ou le dossier NUMERIQUE de l'An@é : les professeurs utilisent les Tableaux numériques, les techniques de podcasting, des dispositifs comme ETwinning, les blogs ou des cours entièrement virtuels avec leurs élèves (Jean Paul Moiraud).

 

Les exigences du numérique


Nous vivons dans un monde fragmenté et ce phénomène s'accroit par le fait que chacun peut créer son propre univers d'amis, d'intérêts, de ressources, de jeux.

Nous vivons aussi un monde scolaire découpé en tronçons horaires, en disciplines, en programmes où les responsabilités partagées sont appréciées différemment selon les collectivités.

Passer d'une compréhension fragmentée à une compréhension systémique est la compétence la plus difficile à développer dans le monde scolaire.

Or, il se trouve que le développement de la mise en œuvre d'une approche systémiqueest l'une des plus indispensables dans le monde numérisé. (Bruno Devauchelle)

 

Les nouvelles organisations


Les organisations scolaires traditionnelles, une classe, un horaire, un prof, peuvent être remises en questions : l'école est aussi hors de l'école, le cours peut être réalisé devant 50 élèves à certains moments, en individualisation pour d'autres, en virtuel parfois, la tâche scolaire effectuée en collectif, par groupes d'élèves variables, en individuel.

 

La mise en place du numérique exige de nouvelles approches collectives.

Le modèle économique d'un monde communautaire reste cependant à inventer. L'unique ressource restant celle de la publicité, il est difficile de faire entrer certains réseaux en classe.

 

Les nouvelles compétences


D'ordre pédagogique : Il s'agit de faire évoluer les élèves d'une culture de loisirs numériques vers une culture numérique scolaire. (Classer, ordonner, écrire, conceptualiser, apprendre à apprendre, seconstruire un outillage mental par exemple)

 

D'ordre de formation et d'accompagnement : l'enjeu pour l'institution est de proposer à ses personnels des dispositifs de formation pour faire bouger leurs pratiques ainsi que les normes et les valeurs de la culture scolaire (Passer d'uneapproche personnelle à une approche de mutualisation, d'une pédagogie uniquement transmissive à une pédagogie de groupes donc de confiance , avoir une pratique évaluative différente, savoir communiquer, utiliser les médias, placer la réflexion sur l'enseignement dans une approche systémique, savoir intégrer de l'innovation).

L'institution scolaire doit donc, elle aussi, dans tout son fonctionnement, revoir ces conceptions.

 

D'ordre économique : Il s'agit d'intégrer la dimension économique du numérique.

Il semble que les Universités et Grandes Ecoles doivent mieux se positionner au niveau mondial. A l'avenir, on sait aussi que la proportion d'enseignement à distance par rapport au présentiel constituera un critère de choix pour les différencier.

 

D'ordre culturel

Il s'agit de dépasser les approches « territoriales » pour envisager un cursus de formation complémentaire, évolutif et cohérent tout au long de la vie,de travailler en équipes, en réseaux, et faire confiance aux autres acteurs de l'éducation.

 

D'ordre de l'imaginaire ?

TEA(Technologie Ergonomie Applications) a développé la quatrième version de sonsystème de capture 3D du visage, FaceLab pour la voiture de demain. Celle-ci, présentée à l'occasion du salon Imagina, analyse en temps réel le comportement des yeux, la position de la tête et les expressions du visage. Plus précisément, elle consiste en deux caméras infrarouges qui capturent plusieurs points référentiels des yeux et de la face. Ce qui permet de capter des données précises sur un individu : direction de son regard, clignement des yeux, interaction avec une autre personne ou encore les émotions qu'il exprime. Les informations sont ensuite traitées par un logiciel.

 

Imaginez le jour où les professeurs pourront analyser l'impact de leurs cours chez les élèves !