Michel Perez : L’ensemble de l’activité humaine est aujourd’hui bouleversé par les transformations que le numérique lui imprime, au cœur même de la vie quotidienne de chacun. Les conditions de travail sont profondément transformées, voire altérées par une dislocation spatio-temporelle qui brouille les frontières entre les temps et les lieux d’activités publics et privés.
La transformation numérique n’est pas réductible à ses aspects techniques : elle bouleverse en effet l’ensemble des conditions de vie, de sociabilité, de travail, de communication, d’accès à l’information à la connaissance et au savoir. Le monde qui s’ouvre à nous est celui des réseaux, c’est « l’Âge de la multitude »[1], par opposition au monde construit de manière pyramidale : celui d’une société fondée à l’aube du XXème siècle sur un modèle industriel taylorien.
Nous avons changé de paradigme dans le mode de création de la valeur en passant du modèle fordiste au modèle de la multitude.Tous les systèmes de production sont perturbés par cette mutation, de même que sont atteintes toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âge : nous sommes au cœur d’un processus disruptif (Bernard Stiegler[2]) qui tend à détruire l’existant pour instaurer une nouvelle réalité. Le temps présent est celui de l’ATAWAD (« Anytime, Anywhere, Any device ») où l’accès aux données est permanent, de n’importe où et par tout objet connecté.
Dans le même temps, l’école, lieu de transmission de culture, de savoirs et de construction du citoyen, évolue lentement, peinant à s’adapter à ces bouleversements...