Les technologies, sous-jacentes, au lycée d’Orestad, renforcent l’impression que les enseignements
peuvent aller beaucoup plus loin…
La politique danoise en matière d’éducation a permis à chaque région et à leurs établissements associés, tels que les écoles primaires et les écoles du deuxième cycle d’enseignement secondaire, de conserver leur propre système d’administration et de gestion.
C’est aussi le cas du lycée d’Orestad créé il y a 4 ans dans ce quartier de la banlieue de Copenhague, autrefois une friche industrielle, reconvertie aujourd’hui en un quartier très dynamique où l’on retrouve des logements sociaux à fort taux d’immigration, des logements pour étudiants, des locaux professionnels et des lieux culturels comme le tout récent cube bleu du Concert hall de la radio danoise. L’ensemble est fortement innervé par des transports publics pour rallier le cœur de Copenhague en 15 minutes.
Revenons au lycée dont les extérieurs sont dépourvus d’un quelconque signe distinctif, pas même d’une cour de récréation. Tout se passe à l’intérieur… Dès que nous franchissons les portes, l’impression de pénétrer dans une ruche saisit le groupe. Au rez-de-chaussée, la cafétéria, le bureau des élèves et attenant la salle -vitrée- de basket. Du bruit, pas de cris. Beaucoup de va-et-vient. Des lycéens partout, dans le moindre recoin. De suite une évidence : beaucoup de vie puis un constat : chaque élève a un sac à dos dans une main et dans l’autre, un ordinateur portable.
La délégation emprunte l’immense escalier central qui dessert les 3 étages du bâtiment, dont les volumes feraient pâlir n’importe quel proviseur d’un lycée en France !
Le Proviseur, Alan Kjaer Andersen nous explique que dès le début la technologie a été intégrée dans tous les process de l’école. « Notre établissement comprend 1000 élèves. Et sur les 36 classes, nous avons seulement 15 classes traditionnelles. Du fait de l’architecture du bâtiment, tous les espaces ont une interaction avec la technologie et avec les méthodes d’enseignement ».
Ainsi l’enseignement doit être planifié avec le contenu et le cadre physique.
On distingue quatre environnements ou zones d’enseignements à Orestad :
Celui de l’individu : cet espace permet à chaque élève de travailler à son propre rythme, tel qu’il a été planifié au préalable avec l’enseignant en début de cycle,
Celui du groupe : où sous forme de table ronde, l’enseignant est un conseiller passant d’un groupe à l’autre et guide pour des projets de long terme,
Celui des équipes : pour un enseignement traditionnel avec une disposition de tables et de chaises face à un enseignant qui dirige,
Celui des plénières : pouvant rassembler jusqu’à 4 classes pour des projections, des débats…
Enfin il y a la « 5ème zone » pour parler de la technologie : à la fois virtuelle et omniprésente. C’est là où se trouve toute la technologie, « la colonne vertébrale, comme le dit Alan Kjaer Andersen, mais qui va de paire avec notre enseignement ».
Certes les ordinateurs sont omniprésents mais la technologie n’est pas ostentatoire ! « Notre vision est que chaque élève doit avoir accès à un ordinateur. Dans la réalité, c’est beaucoup plus puisque nous recommandons aux familles d’acheter leur propre portable, en plus de ceux que nous fournissons ». Au Danemark les cours s’achèvent en début d’après-midi, le lycée assure une permanence jusqu’à 21h00 pour les élèves désireux de faire leurs devoirs et de disposer ainsi du matériel mais aussi du soutien pédagogique évoqué plus haut.
D’autres pratiques numériques, parfaitement intégrées par tous, en découlent.
L’organisation et l’élaboration des cours s’effectuent par un logiciel grâce auquel chaque enseignant prépare ses parcours éducatifs, susceptibles d’être partagés.
La logistique des salles et l’agenda quotidien, pour les élèves, les enseignants et l’administration sont gérés via le système « Lexio ». Cette plateforme sert également de livret entre la famille et l’administration en ce qui concerne la gestion des notes de l’élève.
Enfin, on peut aisément comprendre pourquoi l’écriture manuscrite a pratiquement disparu (2%) et l’usage des photocopies papier est très limité. Tous les devoirs sont faits et remis via l’ordinateur. D’autant que l’usage de ce dernier est désormais autorisé durant les examens officiels y compris, à titre expérimental, celui de pouvoir accéder au web.
L’équipe pédagogique d’Orestad a le sentiment d’avoir été en avance, pour aujourd’hui servir de modèle à des dizaines d’établissements danois.
Pas de credo excessif non plus dans la technologie ; le Proviseur insiste sur les vertus du présentiel (pas de cours virtuel ou de e-learning). « Le numérique est sous-jacent ». L’idéal c’est lorsqu’il sert de sujet d’études afin de mieux le maîtriser : cours sur l’utilisation du web, les blogs, les réseaux sociaux ou la fonction d’un mobile dans un cadre pédagogique.
Conclusion
A défaut de pouvoir trouver les raisons du bonheur qui rendraient les danois si heureux – comme le titrait récemment le supplément du Monde–, nous avons tenté de savoir si leur système d’administration et de santé électroniques ne les rendaient pas aussi satisfaits que secrètement fiers…
Issus de cette culture du consensus qui est un des traits de la société danoise observée dans notre voyage d’étude, les services publics proposés aux citoyens en matière d’administration et de santé se veulent dans l’esprit du moins, exemplaires et de qualité égale au secteur privé.
En effet, le niveau d’imposition est tel que le Gouvernement se fait fort de proposer des services de qualité. Et comme les restrictions budgétaires le lui imposent, ces services passent le plus souvent par des solutions TIC.
Pourtant à la Maison de retraite, comme au lycée, nous avons trouvé des lieux qui répondaient à bien plus que des fonctions.
Car, si la technologie était certes présente, et pour partie des exemples à suivre, nous n’oublierons pas de rappeler également la présence de l’encadrement et du personnel : 100 enseignants pour 1000 élèves au lycée ; 450 agents et 433 résidents à la maison de retraite.
Le système éducatif danois est centré sur l’autonomisation de l’enfant et non sur l’acquisition des connaissances. On ne souligne guère les échecs mais on encourage à persévérer. C’est l’un des plus coûteux du monde. Selon les dernières statistiques de l’OCDE publiées en 2005, le Danemark compte effectivement parmi les pays membres qui investissent le plus dans l’éducation, qu’il s’agisse des ressources investies par étudiant ou du pourcentage du produit national brut (PNB) consacré à l’éducation. |
Mission d'étude au Danemark par l'AEC : Visite du lycée d'Orestad
Thierry Ulmet
Directeur de la Communication AEC